(c) Jean-Philippe CHAUVEL 2020
La modernité de Chauvel ne réside pas dans l’observance des modes éphémères mais dans la mise en œuvre permanente de contradictions entre le bon usage de l’espace du mensonge qu’est la représentation picturale quelle qu’en soit la modalité, et la tension à vouloir rendre la vérité de l’émotion.
Il y a dans la série vénitienne et les nocturnes urbains un quelque chose de compassé, de délicatement et froidement menaçant qui met en alerte le spectateur.
Autre trajectoire de Chauvel : l’abstraction.
Le mot abstraction est une commodité du langage, l’action picturale étant unique et irréductible de par sa nature à des classements, des taxonomies qui le découperaient en « genres » soumis aux normes de styles différents.
La plus vériste des toiles, la mise en scène du plus pompier des tableaux « à sujet », rejoignent la manifestation la plus abstraite, la moins figurative, jusqu’à la blancheur immaculée de la toile vierge.
Toujours, Chauvel impose à l’oublieuse mémoire du regardant la comparaison entre ce qui est et ce qui a été, entre contemporain et passé, moins au sens chronologique qu’en tant que perception de l’avoir-été du temps.
Le passage de l’une à l’autre forme d’expression fait partie de la recherche continue à laquelle Chauvel se livre.
Adrien SALMIERI, Romancier et Historien